Felix Tshisekedi, une émancipation à tout prix?


Fille aînée de l'opposition et forte de sa réputation de combattante pour la démocratie et la bonne gouvernance, au pouvoir, Felix TSHISEKEDI, l'UDPS et leurs partisans sont sous pression, l'obligation de réussir. 

L'échec n'est pas une option. Longtemps critiquée de n'être qu'un parti contestataire et non de gouvernance, elle se trouve dans une posture où elle ne peut se permettre d'échouer.

Et cette pression est encore bien plus forte dans un contexte de contestation de  légitimité de TSHISEKEDI, par un Martin FAYULU virulent, au sortir d'élections qui n'ont pas su rassurer quant à la fiabilité de leurs résultats. 

À ceci il faut ajouter une coalition encombrante avec le FCC, contrainte par les résultats des élections qui donnent au FCC le contrôle l'appareil politique du pays. Situation qui ne lui laisse  que très peu de choix s'il veut avoir une quelconque chance de gouverner. Difficile donc et quasi impossible est-il de se passer de cette alliance. 

Dans un environnement comme celui là, il est tout à fait normal que les esprits autour de Felix TSHISEKEDI et au sein de L'UDPS soient sur le pieds de guerre, configurés à défendre coûte que coûte ce pouvoir et à le renforcer face aux "ennemis". 

C'est ainsi donc que les échecs et faux-pas, même reconnus comme tels en privés, ne peuvent être reconnus en public... "Nous sommes en guerre" comme l'avait laissé entendre un conseiller du nouveau président. 
Face à l'extérieur, tout doit être défendu et justifié. Tout aveu d'échec serait faire la part belle à des détracteurs qui ne veulent et/ou n'attendent, à tort ou à raison, de les voir échouer. 

Cette hantise de l'échec, qui produit cette tendance à tout justifier, finira par être contreproductive sur le long terme, les exposant à la merci de leur partenaire ponctuel. 

Sa position, Felix TSHISEKEDI, dans la coalition avec le FCC ne lui laisse que très peu de marge de manœuvre en terme de gouvernance effective et de volonté de rupture.
Position inconfortable qui, face à la pression populaire en attente des signes de rupture,  en appelle à des actions et décisions, parfois discutables et à la lisière de la légalité, motivées par la réalité qui est sienne et qui viseront un objectif essentiel, son émancipation.

Et pour cela, il compte beaucoup sur les soutiens extérieurs. Le défi est de construire légitimité extérieure (reconnaissance par ses paires ainsi que les institutions internationales) suffisamment forte de façon à rendre illégitime toute tentative de déstabilisation politique ou armée de l'intérieur. 

Conscient du rapport qui lui est défavorable en interne, il multiplie les contacts et des rapprochements susceptibles de lui donner le "Upper-hand" face à son allié. 

Mais en position de faiblesse et dans le besoin, face à des partenaires bien au courant de sa situation, il n'a que très peu de chance d'imposer ses termes. Il faudra s'attendre à des prises de positions et/ou des concessions qui ne soient pas non seulement mal appréciées par l’opinion publique congolaise mais aussi en faveur des intérêts congolais. 

À ce niveau de la lecture plusieurs partisans s’offusqueront de cette observation. La jugeant biaisée, le réflexe sera de confondre les intérêts de Felix aux intérêts de la République en essayant de se convaincre qu’en renforçant Felix, on protège la République. Erreur !

Cette situation n’est pas nouvelle dans l’histoire politique contemporaine de notre pays. À sa prise de fonction, son prédécesseur s’est retrouvé dans la même situation. Asphyxié par des ennemis à l’intérieur, il fallait faire des concessions aux partenaires internationaux pour avoir des chances de survie. Des concessions qui ont notamment donné naissance au code minier contesté de 2002 et révisée en 2017. 

Et pour Felix, le rapprochement avec Kigali est l'un des cas les plus symboliques.
On se souviendra du tollé qu’avaient suscité son commentaire sur les causes de l'instabilité à l'Est du Congo (exonérant les pays voisins), sa visite au mémorial du Génocide rwandais et plus récemment l'ovation reçue par KAGAME à Kinshasa lors des obsèques d'Etienne TSHISEKEDI. 

Des prises de position qui, sous Kabila auraient suscité une levée de bouclier, sur fond d'accusations de traîtrise, sont aujourd'hui défendues et justifiées. Justifications qui exonèrent, à posteriori, des postures et prises de position similaires qu'avait prises Kabila. 

Est-il dans une opération séduction, un rapprochement avec Kigali, dans le but d'isoler son prédécesseur d'un potentiel allié? L'avenir nous le dira. 

Outre le Rwanda, il y a l'Angola dont il faudra observer de près le rapprochement. Les enjeux pétroliers et sécuritaires toujours sur la balance, les positions de Félix seront à observer sur ces dossiers sensibles.
D'autres pourront obtenir de lui, en échange de leurs promesses de soutien, ce qu'ils n'ont pas pu obtenir avec son prédécesseur. 

Chaque fois qu'un président se retrouve en position de faiblesse en interne, ses marges de manoeuvre face à l'extérieure rétrécissent et ceci placent  les intérêts du pays en position de vulnérabilité face à ses partenaires. Se retrouvera t-il en posture de choisir entre son émancipation politique et les intérêts du Congo? Autant de questions qui ne trouveront de réponses que dans les mois à venir. 

De son côté, Kabila a de quoi se réjouir car FELIX  finira peut-être par légitimer certaines décisions et positions, discutables et contestées, qu'il a eues à prendre lors de son règne? Wait and see. 


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