Etienne Tshisekedi, notre dictateur bien-aimé


"Je n’ai pas lutté trente ans pour laisser ma place à un autre !", cette phrase était lâchée en 2011 par Etienne Tshisekedi de son retour en Belgique, devant ses partisans, pour justifier le choix sur sa personne comme candidat unique de l'opposition.

Elle mettait aussi en lumière un trait de caractère de sa personne qu'on occulte et justifie souvent à cause de son passé d'opposant à la dictature de Mobutu.
L'actualité nous donne l'opportunité de pouvoir nous pencher un peu plus sur cet homme et son parti.
Depuis des semaines nous assistons à des échanges virulents entre les partisans de l'UDPS et ceux d'autres partis et autre mouvance politique (les combattants) autour de la question du dialogue politique désiré par le pouvoir.  Les derniers accusant les premiers de trahison dans la lutte contre le pouvoir en place.
En les écoutant, les partisans d'Etienne Tshisekedi, les oreilles d'un partisan de la République ne sauraient rester insensibles au ton "messianique" de leurs discours lorsqu'ils évoquent Etienne Tshisekedi.
Parlant de lui, on croirait entendre les prêches des grands prêtres juifs qui rappelaient aux Israelites que c'est Dieu qui les conduit hors d'Egypte par son serviteur Moise.
Du reste, il n'est pas rare d'entendre des termes comme "sauveur", "Moise du Congo" être repris. Il serait l'unique personne capable de sauver ce pays et ce quel que soit son état mental et/ou physique et son âge. Lorsqu'on leur rappelle la condition physique de leur président, ils n'hésitent pas à citer Robert Mugabe ou en encore Abdelaziz Bouteflika comme exemples.

Autant on ne saurait nier "l'apport" de cet homme dans la lutte pour la démocratie dans notre pays, autant on ne saurait détourner les regards face à ce qui s'apparente être  de plus en plus un culte de la personnalité.
C'est en prêtant une oreille attentive aux discours passionnés des partisans de l'Udps, en analysant l'évolution de ce parti dans l'histoire de notre pays, que l'on se rend compte qu'il n'y a aucune différence entre eux et ceux qu'ils prétendent combattre, le pouvoir de Joseph Kabila.

Autant les partisans de Joseph Kabila le présentent comme "l'homme providentiel", autant les partisans de Etienne Tshisekedi vous rappellent qu'il est inoxydable et que son âge et sa santé ne sauraient être un handicap à un rôle de président de la République.
Autant les partisans du pouvoir font preuve d'intolérance vis-à-vis de tout discours contraire, autant les partisans de l'UDPS n'hésitent pas à vilipender tout celui qui oserait remettre en question les paroles et pensées- que l'on doit deviner parfois- du sphinx de Limete.
Autant les partisans de Joseph Kabila justifient son silence- parfois assourdissant- par sa légendaire capacité d'écoute, autant les thuriféraires d'Etienne Tshisekedi justifient et lui pardonnent son silence criant face aux challenges qui conduisent son parti dans  la tourmente.
Leur immobilisme est loué et leur autoritarisme justifié par le besoin de maintenir de l'ordre.

Bref, on pourrait continuer ainsi la comparaison,  qu'on finirait par se rendre compte qu'il n'y a pas de grande différence entre les deux groupes, si ce n'est le contrôle du pouvoir.

En conclusion, nous pouvons dire qu'ils partagent les mêmes tares. Des tares qui semblent être les maux congénitaux des hommes politiques congolais. Des tares qui  conduisent au culte de la personnalité, à la personnalisation du pouvoir et de ses attributs. Bref, des tares qui conduisent au chaos.

Et c'est la manifestation de ces tares qui me font dire, sans l'ombre d'un doute, l'UDPS au pouvoir hier, aujourd'hui ou demain, la situation dans notre pays n'aurait certainement pas été si différente qu'elle ne l'est aujourd'hui.
A la veille des élections, nous nous serions trouvés face à un groupe qui nous aurait rappelé que le travail n'est pas encore fini et qu'il reste encore beaucoup à faire.

Alarmiste que je suis, me diriez-vous. Permettez  moi de l'être face à un homme qui tout au long de l'histoire de son parti n'a jamais toléré la contradiction et que tout contrevenant  était puni de bannissement; permettez moi de l'être face à un homme qui, en trente ans de lutte, n'a pas été capable de mettre en place une organisation permettant l'alternance et l'émergence d'un nouveau leadership au sein de sa mouvance.
Et ceci vaut pour tous les autres partis politiques. Que le charisme de l'homme ne nous fasse pas oublier qu'un parti politique est fondé sur une vision qui donne naissance à une idéologie. Il ne faudrait pas que ces "leaders" nous rendent complices de notre malheur car nous aurions fait d'eux des dictateurs, des hommes providentiels. Nous ne saurions ignorer les signes qui annoncent la catastrophe. Lorsque ça ressemble à un lion, marche comme un lion, rugit comme un lion et mord comme un lion, c'est que c'est un lion. Attention !!!

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