L'impasse

Une impasse! C'est bien là où se trouve la crise politique congolaise et son processus de résolution qu’était supposée être l’accord du 31 Décembre 2016.  Une impasse atteinte à la suite d’une série d’actions des uns et d’inactions d’autres qui ont fini par bloquer la machine.

D’un côté, nous avons une opposition qui, divisée, désorganisée, roulée et orpheline d'un leadership fort susceptible d’incarner le combat qu’elle mène, ne sait pas reprendre la main. Communiqué après communiqué, condamnation après condamnation, ses actions n'ont de valeurs que leur nature, des mots. 
Des mots qui traduisent une impuissance face à une situation dont elle a perdu le contrôle depuis des mois. Sa posture aujourd'hui révèle plus du principe que d'une stratégie active devant assurer la réalisation de leurs objectifs avoués.
 Au final, ils ont atteint les limites d'une stratégie naïve et mal conçue qui, ayant fait fi du véritable enjeu du pouvoir et de ses leviers, n'avait pas su anticiper les blocages que le pouvoir mettrait en place dans l'application de l’accord du 31 Décembre.
Accrochée à cet accord, comme en 2016 à la constitution, elle exige des élections dont la tenue, avant 2017, a simplement été rendue impossible. Posant des ultimatums qui ne seront jamais respectés, elle se dirige lentement et sûrement tout droit vers une impasse. 


De l’autre côté, le pouvoir, malicieux, n'a pas trouvé mieux que de bloquer la mise en œuvre effective de l’accord. Il s'est évertué à la vider de sa substance et de sa pertinence en pensant, au final, parvenir à imposer une dynamique qui mènerait vers une solution qui lui serait favorable dans la réalisation de son objectif final, le maintien de Joseph Kabila au pouvoir. Du reste, il ne s’en cache plus. Les nombreuses prises de paroles de différents acteurs de la majorité allant dans ce sens, sont autant de ballons d’essaies.
Malheureusement, ces subterfuges n'ont eu que pour seul mérite de gagner du temps, de repousser l'échéance de la fin d'une stratégie en bout de course.
Elle a certes, le temps d'un instant, repris l'initiative politique, mais elle ne sait malheureusement pas parvenir à faire avancer son agenda en lui donnant une suite cohérente et logique, sans que cela n’aboutisse au chaos.

Car, bien qu'ayant réduit à néant les forces politiques de l'opposition, elle a en face d'elle la rage d'une population, certes silencieuse, mais aussi imprévisible que dangereuse. Alors à défaut d’agir, elle ne peut que davantage pourrir la situation soufflant le chaud et le froid, s’achetant encore quelques semaines, voir quelques mois, dans l’espoir d’atteindre Décembre 2017 et, avec l’aide d’une opposition à bout de souffle, rééditer l’exploit de 2016.

Quelle attitude la communauté internationale, marraine de cette troisième république, soutien des accords du dialogue de la CENCO et de son accord, devrait-elle adopter ? Jusque là, c’est le silence. De Johannesburg à Washington, en passant par Luanda, Paris, Bruxelles et Londres, la « Communauté internationale » se tait. Son silence cache mal son embarras face à une situation de plus en plus intenable, que l’accord du 31 Décembre ne saurait plus résoudre.
Tout comme l’opposition congolaise, elle hésite à franchir le Rubicon, l’Accord du 31 Décembre est mort!!!L' accord du 31 décembre, un accord mort-né 
Le reconnaître et le déclarer seraient lourd de conséquences, car ils l’obligeraient à prendre position et assumer les responsabilités de la nouvelle dynamique qui en résultera. Donc à défaut d’une solution de rechange viable, elle attend, elle observe. 

En conclusion, qu’il s’agisse de l’opposition, de la majorité, ou de la Communauté Internationale, on observe, pour l’instant, une certaine attitude attentiste et prudente.

En attendant la mise en œuvre d’une solution nouvelle, ils font comme les fidèles chrétiens congolais qui, refusant d’être acteurs actifs du changement, lèvent les yeux au ciel, attendent et espèrent qu’un événement fortuit, « la main de Dieu », vienne les sortir de cette impasse et crée une nouvelle dynamique que personne aujourd’hui n’ose impulser.

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