Suspension de Muzito: Le PALU s'est-il tiré une balle dans le pieds?

Adolphe Muzito

"Ont-ils perdu la tête dans le PALU?" C'est la question que l'on est en droit de se poser à l'annonce de la suspension de trois ans, qui fait quasiment office d'exclusion, d'Adolphe Muzito par la hiérarchie de son parti. Une suspension qui l'empêche de se présenter sous les couleurs du PALU lors des prochains scrutins. 

Avec cette décision, nous pouvons prudemment dire que les chances de l'ex premier ministre, qui nourrit des ambitions présidentielles pour 2016, se sont envolées. Pour plusieurs analystes, cela ne faisait plus l'ombre d'un doute, Adolphe Muzito avait, et a toujours,  des ambitions présidentielles. 
A l'instar de son frère du Bandundu, Matungulu Mbuyamu, Adolphe Muzito avait choisi la "voie académique" pour préparer les esprits à sa candidature. Une approche "politico-académique" qui consistait à publier des tribunes, virulentes, mélangeant critiques scientifiques et politiques de la politique du gouvernement Matata. L'objectif étant de se démarquer de la majorité présidentielle et, à la logique "anti" des opposants, ajouter une critique technocrate scientifique de l'action du gouvernement.  
Une stratégie qui le présenterait comme une solution "crédible" pour 2016, mettant en avant ses atouts académiques et son expérience politique et de gestion. "Allait-elle réussir?", là est une autre question, mais elle avait le mérite de relancer sa carrière politique et tenter de lui redonner une certaine crédibilité au sein de la classe intellectuelle d'abord et de la population ensuite, après une  primature décriée. 

Le schisme "est-ouest" restant la dynamique dominante dans le comportement électoral en 2016 et certainement au delà, le PALU ainsi, avec sa base sociologique et la fidélité quasi religieuse de ses membres, constitue -constituait- un électorat quasi acquis pour Muzito.  
Avec Muzito, le PALU avait là une personnalité d'envergure à présenter pour la présidentielle de 2016 et aurait pu sa jouer sa partition. 

Mais en décidant de le "suspendre", le parti cher à Antoine Gizenga n'a pas l'intention de briser son alliance avec la MP ni de faire ombrage à ses projets. 
Une posture qui surprend en effet. Aux regards de l'évolution de la situation et de son poids politique et sociologique, le PALU aurait tout à gagner en prenant, dès à présent, ses distances avec la majorité présidentielle afin de préparer sereinement les échéances de 2016. Il gagnerait en popularité en  se désolidarisant d'une coalition politique qui, par ses tentatives de manipulation de la constitution, gagne en impopularité et qui n'a pas la même solidité socio-politique pour gagner une présidentielle sans son "champion". 
Au delà d'une simple punition contre un membre, c'est d'abord à lui-même que le Palu cause du tort. En effet, à moins d'un revirement spectaculaire, le PALU n'aura pas de candidat à présenter pour la présidentielle de 2016. Et au regard de la décision de la hiérarchie de ce parti, on est en droit de se demander si réellement le PALU nourrissait des ambitions présidentielles pour 2016.

Quant à Adolphe Muzito, sans l'appui de son parti, il lui sera quasi impossible de se présenter comme un challenger sérieux. Et s'il décidait de quitter le parti pour créer son propre parti, il lui sera toujours difficile de gagner en notoriété dans le laps du temps qui reste afin de grappiller des voix dans l'électorat traditionnel du PALU qui, du reste, risque d'être disputé avec d'autres personnalités du Bandundu qui verront certainement leur base naturelle se consolider sur fond de repli identitaire favorisé par le récent découpage territorial. 
A moins d'un revirement de la situation ou d'une alliance politique avec d'autres formations politiques ou individus, Adolphe Muzito devra revoir à la baisse ses ambitions. 

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